Le mal à l’âme


Il y a une quelques années, si quelqu’un nous avait dit : « J’ai mal à l’âme». Nous n’aurions pas compris grand-chose. T’as mal où, lui aurait-on demandé? Pourtant en ces années de communication électronique rapide où nous pouvons rejoindre l’autre dans la seconde, les gens n’ont jamais autant eu mal à l’âme.

France Fisette écrit que le mal à l’âme est « ce mal intérieur qui nous fait sentir que nous ne sommes pas à notre place dans la roue de la vie » et elle ajoute que « pour avoir l’âme en paix, je crois que nous devons mettre en action nos aspirations et cesser de remettre à demain ce que nous pouvons commencer aujourd’hui. »

Depuis notre enfance on nous demande d’aimer les autres comme nous nous aimons nous-mêmes; le problème c’est que nous avons oublié de nous aimer nous-mêmes. Nous nous sommes oubliés.

S’aimer soi-même ça commence par faire ce que nous aimons dans la vie. J’ai connu plusieurs personnes s’obliger à aller à l’Université, à prendre des cours dans un domaine qui ne les intéressait pas. Pourquoi? Pour bien paraître dans la société.

Dernièrement, j’ai eu le privilège et le plaisir de déjeuner avec une personne de 88 ans que je n’avais vu depuis environ une quarantaine d’années. Il avait eu l’une des plus belles maisons de Sherbrooke, le plus beau bureau d’avocats, les plus belles autos de l’époque, une belle famille, mais il n’aimait pas être avocat. Il avait l’impression de manquer quelque chose d’important dans la vie à savoir faire ce qu’il aurait aimé faire. Ça s’appelle aujourd’hui le mal à l’âme.

À l’âge de 24 ans, après avoir été 4 ans sans aller à l’école, je décidai de retourner finir mes études. Je rencontrai mon patron de l’époque pour lui annoncer mon départ. Il me demanda pourquoi je le quittais; il avait besoin de moi pour gérer son Cabaret. Je lui expliquai que je retournais aux études.

Il me regarda avec ses grands yeux tous humides et il me dit : si tu as besoin de moi, je serai là et il me conta ceci : dans la vingtaine il s’était inscrit au Collège Jean de Bréboeuf à Montréal et son objectif était de devenir Médecin. Son père était un hôtelier qui avait 6 ou 7 hôtels dans la région de l’Estrie. Quand son père apprit qu’il s’était inscrit au Collège Jean de Bréboeuf, il alla le rencontrer ; il avait absolument besoin de lui pour l’aider à gérer ses hôtels et que s’il revenait l’aider, il lui donnerait immédiatement un hôtel à lui. Mon patron et ami quitta alors le Collège et revint à la maison; il fut hôtelier toute sa vie ce qu’il détesta toute sa vie. Toute sa vie il eut mal à l’âme, il sentait un grand vide. Pourtant il avait une femme qu’il aimait, une famille de 6 ou 7 enfants qu’il aimait. Mais il ne faisait pas ce qu’il aimait. C’était un homme très respecté dans sa communauté, mais il avait ce mal à l’âme.

Ce mal à l’âme rend triste puisqu’il nous donne l’impression de ne pas être qui nous sommes et que nous ne sommes pas à notre place dans ce monde.. Cette tristesse est souvent non apparente; elle se vit surtout intérieurement.

Un jour je vous parlerai pourquoi j’ai aimé être avocat mais détesté me rendre plaider à la Cour. J’avais mal à l’âme quand j’allais plaider.


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